J.J.Claustriaux
Président du Jury permanent
Royal Concours International de Roses Nouvelles du Roeulx
Mars 2015
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Sommaire :
- Introduction
- Au sujet du dicton
- Les concepts de base et les outils de la taille
- La taille : opérations communes à tous les rosiers
- La taille « en mars » : opérations spécifiques aux rosiers remontants
- La taille « en mars » et après floraison : cas particulier des rosiers non remontants
- La taille après chaque floraison et à l’automne des rosiers remontants
- Quelques conclusions
- Remerciements
1-Introduction
La taille est une étape très importante de la culture du rosier, en particulier, celle qui est effectuée à la fin de l’hiver pour la plupart des variétés « modernes ».
Cependant, les opérations de la taille ne doivent pas se limiter à celles du mois de « mars ». En effet, elles doivent être pratiquées tout au long de la saison culturale, de mars à novembre. Nous abordons donc celles-ci globalement et c’est la raison pour laquelle un point d’interrogation est ajouté à la fin du titre.
Après cette introduction (paragraphe 1), ce texte débute par une analyse rapide du dicton repris dans le titre (paragraphe 2).
Ensuite, il décrit les principes généraux de la taille et les outils nécessaires au jardinier (paragraphe 3). Il aborde aussi les opérations communes à toutes les catégories de rosiers (paragraphe 4), avant d’évoquer les spécificités de la taille en « mars » pour chaque type de rosiers remontants (paragraphe 5).
Le document présente encore la taille particulière des rosiers non remontants (paragraphe 6), ainsi que la taille après floraison et à l’automne pour les rosiers remontants (paragraphe 7).
Enfin, quelques conclusions (paragraphe 8) et des remerciements (paragraphe 9) sont formulés.
Signalons encore que certains mots dans le texte sont des termes spécifiques à l’organographie botanique ou à la taille du rosier : ils sont mis en évidence entre guillemets et en caractères gras, en principe lors de leur première citation.
2-Au sujet du dicton
Avant d’aborder la taille proprement dite, il est amusant d’évoquer rapidement le dicton repris dans le titre de l’exposé.
1° « Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars » est un vieux dicton dont l’origine reste inconnue, comme le signale Le Roux de Lincy en 1842 dans son livre des proverbes français.
Il semble qu’il fut destiné prioritairement au viticulteur pour lui rappeler qu’il était censé tailler sa vigne au mois de mars. Certes aujourd’hui, c’est plutôt à ce moment qu’il finit de la tailler.
Deux nouvelles questions s’imposent : pourquoi citer le mois de mars et pourquoi une aussi longue période de 31 jours pour tailler ?
Certains textes anciens sont beaucoup plus précis. Ils font correspondre le dicton à un jour particulier du mois, le 18 mars.
En effet, durant tout le moyen âge, on croyait que le monde avait été créé le 18 mars. En regard à ce jour, le calendrier indiquait : primus dies mundi. Dès lors, en ce jour anniversaire du premier jour du monde, la Saint-Edouard, il était suggéré d’effectuer la première opération de l’année pour conduire la vigne, c’est-à-dire la taille.
D’autres écrits font correspondre au dicton un autre moment du mois mars, à savoir le 9 mars ; j’ignore la raison.
Il est aussi intéressant de constater que plusieurs dictons en relation avec la taille, essentiellement celle de la vigne, sont associés à d’autres jours du mois de mars:
- le 1er mars : Taille au jour de Saint-Aubin pour avoir de gros raisins ;
- le 12 mars : A la Saint-Grégoire, taille ta vigne pour boire… ;
- le 16 mars : La vigne me dit, en mars me lie, en mars me taille, en mars, il faut qu’on me travaille ;
- le 19 mars : Pour la Saint-Joseph, mon cousin, taille les arbres du jardin (pour information : plus tard, la Saint-Joseph fut aussi placée au 1er mai).
Certains calendriers de jardinage recommandent de tailler en mars, à la lune descendante, c’est-à-dire après le 14 mars, le premier quartier de lune apparaissant le 14 mars dès 10h46.
Signalons encore que l’équinoxe astronomique de printemps sera toujours le 20 mars jusqu’en 2043, mais elle aura lieu le 19 mars en 2044.
2° Les anciens avaient sans doute de bonnes raisons pour associer la taille de la vigne au mois de mars : les grands froids sont passés, la sève commence à monter empêchant les parasites de s’introduire dans les plaies de la taille. La terre s’est déjà réchauffée pour atteindre les sept degrés Celcius qui, conventionnellement, correspondent au vrai démarrage de la végétation.
3° Pour ce qui concerne plus spécifiquement le rosier, contrairement à la vigne, l’intérêt pour la taille est relativement récent. Il correspond à l’arrivée au 18ème siècle des roses chinoises à floraison remontante. En conséquence, le dicton de référence lui a aussi été associé, comme à toutes les plantes pour lesquelles une maîtrise de la croissance par une taille après l’hiver est nécessaire.
3-Les concepts de base et les outils de la taille
Si on veut stimuler chez le rosier une végétation régulièrement équilibrée, bien développée dès la base de l’arbuste sur des branches charpentières jeunes et saines, en vue d’obtenir une floraison attrayante par son abondance et par sa beauté, il faut pratiquer la taille chaque année.
1° Sous nos climats, la taille après l’hiver des rosiers ne peut commencer avant le 15 mars si l’hiver fut rigoureux ou à partir de début mars si l’hiver a été particulièrement doux, c’est-à-dire au départ de la mise en végétation des bourgeons végétatifs appelés « yeux » (Figure 1) qui seront choisis pour atteindre les objectifs définis ci-dessus et par conséquent bien visibles.
Dans nos régions, comme point de repère pour le début de la taille, il est suggéré d’observer la floraison des premières fleurs du Forsythia pour la commencer. Bien entendu, cela est aussi fonction de l’emplacement et de l’exposition du rosier.
En effet, il faut savoir que le choix de la période adéquate pour tailler est très important car une taille trop précoce est « aveugle », « épuisante » et « antihygiénique ».
Elle est tout d’abord « aveugle » car si la taille est trop hâtive, il est impossible de discerner judicieusement les « meilleurs » yeux de la base des rameaux sur lesquels on voudrait bâtir tout l’avenir du rosier.
Elle est aussi « épuisante » pour l’arbuste qui, s’il survient un période douce en plein hiver, va « débourrer » et faire démarrer les bourgeons. Ces derniers, lors d’une recrudescence de l’hiver, peuvent être détruits, ce qui provoquera par la suite un « repercement » affolé donnant naissance à quelques rameaux grêles dans la zone où l’on souhaitait en voir un seul se développer. De plus, ces repercements peuvent à leur tour être détruits par la gelée et donner naissance à une nouvelle poussée de rameaux plus chétifs encore que leurs parents.
Enfin, elle est « antihygiénique » car une taille trop hâtive empêche l’arbuste de pourvoir rapidement à la cicatrisation des plaies favorisant alors l’entrée de maladies cryptogamiques très néfastes pouvant amener la destruction quasi-totale de la partie aérienne.
2° On dit d’une variété de rosier qu’elle est « remontante » lorsqu’elle fleurit pratiquement toute l’année sur le « bois de l’année ». En réalité, un rameau ayant fleuri et correctement retaillé formera de nouvelles pousses qui porteront de nouvelles fleurs huit à neuf semaines plus tard. Certaines années particulièrement douces à l’automne permettent ainsi d’obtenir jusqu’à trois périodes de floraison. En fait, le rosier veut assurer sa descendance. La première taille de l’année doit davantage être considérée comme une taille de reformation ou de rajeunissement de l’arbuste. Par la suite, ayant « constaté » que la fructification ne pourra pas se poursuivre après la taille effectuée à l’issue de la première floraison ou des floraisons suivantes, le rosier réagit pour tenter de fleurir à nouveau en développant un ou plusieurs rameaux végétatifs au départ et génératifs ensuite.
Par contre, une variété « non remontante » est celle qui ne fleurit qu’une seule fois entre mai et septembre sur le « bois de l’année précédente », durant quatre à cinq semaines. Après la floraison et en l’absence de taille, ce sera le temps de la fructification avec parfois le développement de magnifiques « cynorhodons » (figure 2) pour le grand plaisir des oiseaux à l’entrée de l’hiver et la maturation des vrais fruits que sont les graines intérieures, en vue d’assurer la reproduction.
Sans que ce soit une règle absolue, tous les rosiers appelés « rosiers buissons », c’est-à-dire les « rosiers à tige unique », les « rosiers à floraison en bouquets », les « rosiers miniatures », les « rosiers couvre-sol » et les « rosiers park-rose », actuellement commercialisés et qualifiés « de modernes » sont remontants . Ce n’est pas nécessairement le cas pour les « rosiers grimpants » aussi nommés « rosiers sarmenteux » ou « rosiers climbings ». A titre d’exemple, citons Madame Edouart Herriot comme grimpant remontant, American Pillar comme grimpant non remontant et New Dawn comme grimpant mixte.
Quant aux rosiers dits « botaniques » et ceux qualifiés de rosiers « anciens », la plupart d’entre eux sont non remontants, sauf Rosa chinensis et ses hybrides.
3° Il faut toujours tailler plus long les rameaux forts ou vigoureux et raccourcir davantage les pousses qui sont grêles ou faibles. Ce principe est systématiquement appliqué à toute variété vigoureuse qui est donc toujours taillée longue par rapport à une variété faible. Il faut cependant savoir qu’une taille longue induit une floraison plus précoce, plus abondante, avec des fleurs plus petites et moins bien formées.
4° Il y a aussi lieu d’insister sur la relation étroite entre la taille et le « sujet porte-greffe » qui « dirige » la végétation.
Ainsi, si on taille trop court un rosier greffé sur Rosa canina, de nombreux « gourmands » ou « sauvageons » vont apparaître sur ce dernier. Ceux-ci sont les jeunes rameaux, situés à la base du rosier ; ils proviennent des yeux du sujet porte-greffe.
A l’inverse, si on taille trop long un rosier greffé sur Rosa laxa ou Rosa multiflora, alors la plante vieillira plus rapidement et devra être plus vite remplacée. Dès lors, on comprend mieux pourquoi certains pépiniéristes conseillent une taille longue et que des informations sur le type de sujet porte-greffe sont rarement communiquées.
5° Avant d’évoquer les « armes » du jardinier, il faut attirer l’attention sur la nécessité pour ce dernier d’être en ordre pour ce qui concerne la vaccination antitétanique, en raison des blessures qui peuvent être occasionnées par les « aiguillons », souvent appelés par erreur « épines ».
Pour la même raison et sachant qu’au cours de la saison précédente certains traitements phytosanitaires appliqués aux arbustes ont pu laisser des traces de produits toxiques, il est aussi prudent de se protéger les mains au moyen de gants appropriés.
Quant aux principaux outils du tailleur (figure 3), ils sont les suivants: le sécateur, l’ébrancheur, la scie égoïne, la cisaille, le couteau, la gouge ou la serpette. Ils doivent être en bon état, notamment au niveau du tranchant des lames et des dents.
Le sécateur est employé pour la taille proprement dite. Si les rameaux sont trop gros, trop anciens ou morts, l’ébrancheur est utilisé, notamment, pour nettoyer le pied du rosier.
Pour de vieux rosiers aux rameaux très gros et qu’il faut tenter de rajeunir, la scie égoïne est de rigueur.
Si la ramification basse d’un rosier est abondante et si la floraison fut particulièrement importante, la cisaille peut être employée pour faciliter la taille ; il en est de même pour des arbustes au développement imposant comme les « rosiers couvre-sol ».
Enfin, le pied de certains vieux rosiers est parfois garni de mousse; alors, le couteau vient bien à point pour enlever cette dernière.
4-La taille : opérations communes à tous les rosiers
1° Lors de la plantation d’un rosier à racines nues en hiver, si des rameaux morts sont présents, il faut les tailler au-dessus du point de greffe. On peut aussi raccourcir légèrement les autres rameaux et si besoin supprimer des racines blessées ou vraiment trop longues.
Pour les rosiers grimpants, il faut garder des rameaux qui sont deux à trois fois plus longs que ceux des rosiers non grimpants.
Enfin, il n’y a pas lieu de tailler un rosier au mois de mars qui suit sa plantation pendant l’hiver précédent.
2° Dès la sortie de l’hiver, souvent en mars, avant de tailler, le jardinier doit ramasser toutes les feuilles tombées au cours de la saison précédente et durant l’hiver ; elles sont souvent porteuses de germes des futures maladies cryptogamiques (figure 4).
3° Ensuite, le tailleur doit commencer par observer le rosier qu’il va traiter et non le maltraiter !
La taille débute en sectionnant à la base le bois mort présent, ainsi que les éventuels gourmands provenant du sujet porte-greffe. Ils ne sont pas taillés ; par contre, ils sont arrachés à leur naissance sur la racine porteuse avec une gouge, une serpette ou un large couteau bien aiguisé. Cette opération doit se poursuivre tout au long de la saison, dès leur apparition.
Si le nombre de rameaux doit être réduit, il faut supprimer prioritairement ceux dont la couleur de la tige est brune, car leur vigueur est moins forte, et garder ceux de couleur vert olive, toujours plus vigoureux.
Le centre du buisson est toujours dégagé pour empêcher, au bout de quelques années, un fatras de rameaux qui ne permettraient même plus l’accès du sécateur (figure 5).
Chaque fois (figure 6), la lame du sécateur est toujours placée vers l’œil à conserver et la contre-lame vers la partie à enlever. La coupe doit être nette et en biseau à environ un centimètre de cet œil poussant vers l’extérieur. Ainsi, d’une part, on évite la pénétration de l’eau de pluie et la pourriture, et, d’autre part, on favorise la croissance d’un rameau qui n’engorgera pas le centre de l’arbuste.
Quant au trempage systématique de la lame du sécateur dans l’alcool pour la désinfecter, elle ne se pratique pas. Par contre, il faut veiller à sa propreté et insister à nouveau sur la qualité du tranchant.
Une fois la taille terminée, il faut enlever les déchets de la taille, branches et feuilles. Il est vivement conseillé de les bruler, car ils sont porteurs de parasites. Un traitement phytosanitaire anti-cryptogamique est aussi suggéré une fois la taille terminée et la parcelle nettoyée et binée.
5-La taille« en mars » : opérations spécifiques aux rosiers remontants
1° Intéressons-nous tout d’abord à la taille « en mars », en particulier pour les « rosiers à tiges uniques » et les « rosiers buissons à floraison en bouquets ».
Faut-il une taille longue ou une taille courte ?
Les deux théories s’affrontent souvent. Elles sont toutes les deux adéquates pour autant qu’elles soient logiquement appliquées tenant compte de l’emplacement du rosier et des conséquences décrites précédemment (paragraphe 3, 3°).
Les rosiers pour parterre ou pour décorer, placés aux abords des habitations, sont taillés longs ou moyennement longs (figure 7).
Les rosiers pour la fleur à couper, notamment les « rosiers à tiges uniques », sont taillés courts sur trois ou quatre yeux. Si la ramification est compliquée à la base pour des rosiers « adultes », il y a lieu de revenir sur la production inférieure qui alors est taillée sur trois à sept yeux bien développés.
Pour des rosiers particuliers comme les rosiers demi-tiges, tiges ou pleureurs, ils doivent être traités comme indiqué ci-dessus. Il suffit d’imaginer que le niveau du sol est à la hauteur du point de greffe.
Enfin, certaines variétés de rosiers ne sont plus greffées et les pieds sont donc des boutures de la variété originale, en particulier pour des « rosiers à floraison en bouquets ». Dans ce cas, le niveau du sol est la référence pour la taille. Pour débuter celle-ci, on veille à limiter le nombre de rameaux en les sectionnant à la base tout en gardant les « gourmands » de la variété qui eux sont réservés et taillés pour constituer le rajeunissement de l’arbuste.
2° Pour les « rosiers miniatures » qui sont plantés en bordures ou à proximité des habitations, on conserve cinq à sept rameaux qui sont taillés courts, également sur trois ou quatre yeux.
3° Comme ils sont qualifiés, il faut laisser aller les « rosiers couvre-sol » et, si besoin, tailler légèrement les rameaux courant sur le sol ou les pincer à la reprise de la végétation pour favoriser la ramification. Si certains rameaux sont vraiment surnuméraires, il y a lieu de les éliminer. Eventuellement, une taille plus sévère est aussi conseillée tous les trois ans.
Par contre, il faut toujours supprimer les rameaux verticaux à leur base.
4° Les « rosiers park-roses » forment souvent de larges massifs car ils sont destinés à être vus de loin. On pratique une taille très longue si nécessaire et on supprime quelques rameaux à la base s’ils sont trop envahissants ou pour rajeunir le rosier lorsque les rameaux sont trop vieux ou trop dégarnis.
5° Pour les « rosiers grimpants à floraison remontante », l’idéal est tout d’abord de détacher les rameaux de leur support. Ensuite, il faut commencer par distinguer trois types de rameaux : les vieux rameaux, les nouvelles pousses vigoureuses et les rameaux intermédiaires.
Les vieux rameaux sont supprimés à la base. Les plus « belles » pousses sont maintenues en nombre égal au nombre de rameaux vieux éliminés. Souvent elles se divisent en plusieurs rameaux de deuxième ordre. On ne garde que les deux rameaux les plus beaux pour que la sève issue du rameau de premier ordre profite au minimum de pousses ; celles-ci sont alors taillées aux deux tiers de leur longueur. Quant aux rameaux intermédiaires qui ont certainement produit des rameaux latéraux, ils sont taillés sur trois à sept yeux. Enfin, tous les rameaux maintenus sont alors palissés sur le support.
6-La taille« en mars » et après la floraison: cas particulier des rosiers non remontants
1° Les « rosiers botaniques » et les rosiers « anciens » non remontants ne doivent surtout pas être taillés en mars. On enlève seulement les rameaux morts, trop vieux, usés ou dégarnis, en les coupant à la base.
2° Pour les « rosiers grimpants à floraison non remontante » et qui, rappelons-le, fleurissent sur les rameaux de l’année précédente, il n’y a, en principe, aucune taille à réaliser en mars, si ce n’est celle qui consiste à éliminer tous les trois ans et à leur base les très vieux rameaux qui couraient le long de leur support, idéalement horizontal. Cette opération doit se faire avec attention et elle n’est parfois pas simple à effectuer tenant compte de la longueur des rameaux très vigoureux et enchevêtrés ; elle peut atteindre jusqu’à six à dix mètres.
Dès que la floraison est terminée, vers la fin juin, les rameaux ayant porté les fleurs sont taillés sous les « inflorescences » dans la zone bien « aoûtée ». Les yeux sous-jacents vont produire de nouveaux rameaux. Grâce à l’effet de la période froide du prochain hiver, des yeux vont se transformer en « boutons » pour fleurir au printemps suivant sur les rameaux qui auront ainsi l’âge d’un an. Il conviendra à nouveau de tailler ces rameaux d’un an de la même manière que les précédents et ainsi de suite. Dès lors, on comprend mieux pourquoi s’ils sont taillés en mars, il n’y aura pas de floraison l’année suivante.
Les trois petits schémas repris ci-après illustrent l’explication de cette taille spécifique en se référant à trois années consécutives (figure 8).
3° Les principes de la taille décrits ci-dessus après floraison peuvent être appliqués à tout type de rosiers « modernes » ou « anciens » à floraison non remontante, y compris aux « rosiers botaniques ».
7-La taille après chaque floraison et à l’automne des rosiers remontants
1° Lorsque le rosier remontant fleurit au printemps ou au début de l’été, il faut simplement observer la fleur ou le bouquet floral.
En regardant attentivement les feuilles de certains types de rosiers, depuis la fleur vers le bas, en particulier pour les « rosiers à tiges uniques », les « rosiers buissons à floraison en bouquets » à grandes fleurs, type « floribunda » et les « rosiers sarmenteux à floraison remontante », on constate que les feuilles supérieures comprennent trois « folioles » et que les suivantes en ont davantage, souvent cinq. Ces dernières sont situées dans la partie végétative du rameau, tandis que les premières sont dans la zone générative (figure 9).
Dès lors, lorsque la floraison s’achève, il faut tailler avec le sécateur dans la partie végétative, sous la deuxième ou troisième feuille à cinq folioles, pour qu’une nouvelle pousse démarre au départ d’un œil végétatif.
Le but est donc de réduire la hauteur du rosier tout en gardant un feuillage abondant pour avoir une nouvelle et merveilleuse floraison quelques semaines plus tard, de l’ordre de huit à neuf semaines.
2° Pour d’autres types de rosiers (« rosiers miniatures », « rosiers couvre-sol », « rosiers buissons à floraison en bouquets » à petites fleurs, type « polyantha »), il n’est pas aisé de pratiquer comme décrit ci-dessus tellement le feuillage est souvent dense et la floraison fut abondante.
Dans ce cas, le but de la taille après floraison est de couper toutes les inflorescences à l’aide du sécateur ou de la cisaille pour réduire légèrement la longueur des rameaux, tout en gardant un volume du feuillage le plus grand possible. Ainsi, on maintient un maximum de feuilles pour favoriser le démarrage de nouveaux rameaux et le développement d’une nouvelle floraison à la fin août et en septembre – octobre.
3° A l’automne, quand le jardinier estime que la deuxième floraison, éventuellement la troisième floraison, est terminée, il doit penser à l’arrivée de l’hiver et préparer la pré-taille du prochain mois de « mars » pour les rosiers remontants.
Il supprime les inflorescences en rabattant les rameaux à une hauteur raisonnable, par exemple à la moitié de leur hauteur. Ainsi, la gelée détruira peut-être certains yeux supérieurs, mais elle ne mettra pas en péril les yeux inférieurs, ainsi que la variété. De plus, en procédant à une réduction de la taille des rameaux, le rosier aura moins de prise aux vents violents de l’hiver et tout déchaussement de la plante sera ainsi évité (figure 10).
Jamais, il ne laisse un « cynorhodon » murir, afin d’éviter que le rosier consacre une partie de « son énergie » à assurer sa descendance au dépens de la croissance de ses racines dans le sol, certes lentes en hiver.
4° Et si le rosier refait une nouvelle pousse florale, dès que la couleur des « pétales » apparaît entre les « sépales » du bouton, le rameau en voie de floraison est coupé sur une longueur suffisante pour le placer dans un vase. La rose s’épanouira alors dans la chaleur de l’habitation durant deux semaines au moins, pour le plaisir des yeux de la fée du logis.
8-Quelques conclusions
En guise de conclusion, on peut affirmer que le point d’interrogation du titre est tout à fait justifié puisque la première taille de l’année n’aura pas nécessairement lieu en mars ; elle va s’échelonner de la sortie de l’hiver pour les variétés remontantes et jusqu’aux premiers jours de l’été pour celles qui sont non remontantes.
Certes, la taille est une opération culturale qui n’est pas toujours simple. Elle est un dialogue avec le végétal ; celui-ci parle au jardinier et c’est à ce dernier de raisonner la plante. Heureusement, rien qu’en observant comment le rosier croît et fleurit, l’amateur peut être éclairé quant à la taille du rosier à réaliser. S’il le respecte, notamment, en le taillant judicieusement et en lui apportant les engrais nécessaires, le rosier se fera alors un plaisir d’accompagner le jardinier toute sa vie durant et même au-delà.
Enfin, si le tailleur n’est pas satisfait de ses travaux de taille, s’il doute de la manière dont il taille ou si le sécateur n’est pas encore son fidèle compagnon pour la taille, rien ne vaut une démonstration au lieu d’un long discours, par exemple en rendant visite au jardin du Royal Concours International de Roses Nouvelles du Roeulx.
9-Remerciements
Je ne veux pas terminer ce bref document sur la taille sans avoir une pensée respectueuse à l’égard du Professeur J.Debuisson, un de mes Maîtres, qui m’a fait partager son plaisir d’observer et d’apprécier les roses. Certains de ses écrits ont inspiré cette présentation.
J’adresse aussi tous mes remerciements à D. Masse, Secrétaire de la Société Royale de Roses Nouvelles du Roeulx, dont le savoir-faire professionnel en horticulture, pour la Rose en particulier, et ses suggestions après la lecture de ce texte me furent très utiles.
Enfin, je remercie encore P.Lauwers, jardinier à la Ville du Roeulx et responsable technique du jardin Concours, pour sa complicité lors des séances de tailles et ses commentaires sur ce document.